Au bord de l’Isle, les fours centenaires de l’usine Saint-Astier tournent jour et nuit pour produire la chaux de qualité exceptionnelle qui fait la renommée de la ville. Transmise depuis quatre générations, cette pépite industrielle de Dordogne a su préserver son authenticité, son savoir-faire unique et son indépendance, tout en se bâtissant une solide réputation dans le monde entier.

Même lancé à pleine vitesse sur l’autoroute qui longe Saint-Astier, l’on ne peut s’empêcher de jeter un œil aux hautes silhouettes des fours qui se découpent dans le ciel.

Ces cheminées géantes, qui font partie du décor depuis un siècle, ne s’arrêtent qu’une fois tous les dix ans, digérant le reste du temps des centaines de tonnes de grosses pierres, pour produire une chaux hydraulique naturelle dont la réputation dépasse largement les frontières du Périgord. Avant d’en devenir l’un des fleurons industriels, l’entreprise Saint-Astier a commencé par une histoire de familles, au pluriel.

En 1837, est découvert un important gisement de calcaire de plus de 200 mètres d’épaisseur, d’une homogénéité exceptionnelle, qui le rend unique en Europe. Son exploitation ne tarde pas. En 1863, près de quinze usines sont recensées. Au cours du siècle suivant, les chaufourniers vont se rapprocher, s’unir pour se moderniser et surtout, contrer l’arrivée du ciment qui détrône la chaux. Aujourd’hui, il n’en reste qu’une, dirigée par Antoine Bastier. Il suit les traces de son père, de son grand-père et de son arrière-grand-père Auguste, qui s’était lancé dans l’aventure en 1912.

Dès lors, on comprend pourquoi la transmission est une valeur si forte de Saint-Astier. Malgré de nombreuses propositions de rachat, la « petite » usine a tenu bon, attachée à préserver son savoir-faire local, son authenticité et son indépendance. Depuis 2017, elle a même pris officiellement le nom de sa ville. Désormais, on dit « Saint-Astier », tout simplement. Ici, on est fier de dire que l’on fait tout de A à Z : extraction de la pierre, concassage, cuisson… jusqu’à la mise en sacs. La chaux hydraulique, naturelle et pure ainsi obtenue représente 60% de la production.

Mais l’usine a dans son catalogue une soixantaine de produits (chaux formulées, mortiers, enduits…). Résultat : quand, à cause de la pandémie, la plupart des entreprises voyaient leur activité s’effondrer ou avaient du mal à s’approvisionner, les fours de Saint-Astier ont continué à tourner, imperturbables, et la demande a même augmenté. « L’effet Covid a fait que les gens veulent chez eux des produits sains, écologiques, durables. On sent que la chaux est revenue à la mode », indique Marlène Péret, responsable communication.

C’est précisément parce que l’usine périgourdine règne sur un marché de niche qu’elle tire son épingle du jeu dans un milieu où la concurrence est rude, faite de mastodontes comme le groupe LafargeHolcim, leader mondial des matériaux de construction. « La chaux restera toujours un petit secteur », note Marlène Péret. Mais dans ce petit secteur, Saint-Astier est la plus performante en France, grâce à ses quatre fours qui lui confèrent la plus grosse capacité de production de chaux hydraulique naturelle. Elle rafle un tiers de ce marché, dont elle est leader. Le tout en restant à taille humaine – 140 salariés, ce qui lui permet de tisser des liens forts avec ses clients et de répondre à des demandes très spécifiques, par exemple pour créer un enduit sur mesure. « L’humain est très fort chez nous », assure Marlène Péret. L’expertise technique aussi :

« La bonne chaux, appliquée dans les règles de l’art sur le bon support, c’est le leitmotiv de la maison. »

Ce savoir-faire de pointe associé à la qualité des produits valent à Saint-Astier une excellente notoriété dans le secteur de la restauration du patrimoine. Elle apporte son expertise sur des chantiers prestigieux, comme celui de Notre-Dame. En Dordogne et Gironde, elle a contribué à la rénovation de multiples châteaux. Mais sa chaux voyage aussi en Europe – et dans une moindre mesure aux Etats-Unis : châteaux d’Ecosse, palais de l’Alhambra, Sagrada Familia, fontaines de Madrid, celle de Trevi à Rome, ou encore les colonnes de la place rouge de Moscou, doivent leur rénovation à Saint-Astier. L’objectif est de poursuivre ce développement à l’international, qui représente 12% du chiffre d’affaires.

D’autres enjeux ambitieux se profilent dans les années à venir, le principal étant la transition vers des énergies propres pour remplacer le charbon. Une révolution verte s’amorce, indispensable pour assurer la pérennité de l’entreprise dans le monde de demain. Un monde dans lequel la chaux, matériau esthétique, résistant et naturel, aura encore toute sa place. Saint-Astier entend bien le prouver.


Contact :


Publireportage par Maéva louis
© Bernard Dupuy / © Jonathan Barbot