Avis aux collectionneurs, amateurs et autres promeneurs, la pétillante Roxane Duraffourg expose du Beau au dos de la grande église de Bergerac ! À l’occasion, priez si vous le souhaitez, mais ne manquez surtout pas de venir communier autour de ses époustouflants coups de pinceaux…

« La Renaissance, c’est la décadence… » Punaise ! Qui a osé ? Qui a osé sanctifier une telle sentence ? Un tel paradoxe ! On veut des noms  ! Haut et court… là, de suite, on veut justice et réparation. Bon, pour être honnête, c’est l’immense peintre Henri Matisse qui, passionné d’art médiéval, formulait cette simple opposition historique… Le pendre ? C’est trop tard. Quoiqu’il en soit, notez bien que notre Roxane Duraffourg aurait pu faire sienne la citation de son illustre confrère. Pourquoi  ? Fastoche… Sans être méprisante du « renouveau » et de la «  copie  » de l’Antique, sachez que notre talentueuse artiste peintre entretient également une flamme ardente pour l’art pictural médiéval, notamment pour les enluminures du XIVe siècle, un art consacré, oublié, qui, de par sa limpidité et son affirmation des lignes, est somme toute opposé à cette « écrasante » Renaissance, cette Renaissance qui par complaisance stylistique en « fout » visuellement de partout.

C’est dit. Sans vouloir blâmer l’Histoire de l’Art ou dresser le bûcher de la Renaissance, Roxane considère que la palette médiévale offre cette joie et cette jolie simplicité, celle d’aller directement au sujet… les lignes sont claires et épurées… Les perspectives sont « volontairement » inexistantes, la composition de l’ensemble ne laisse guère de place aux artifices, aux superflus… Ce sont des directions qui poursuivent un but, celui d’aller à l’essentiel… un message limpide… une autre forme de pureté… Bref, le génial Médiéval, méprisé par quelques esprits boiteux, a quelque peu façonné notre libellule dans sa façon d’envisager la scénographie de ses œuvres. Et faut dire que ça en jette !

Ça en jette d’autant plus qu’elle embrasse à elle seule tout un panel de techniques… Huiles, estampes, gravures…. sa boulimie est sans faille. Ses sujets de prédilections ? Des personnages aux poses parfois lascives, des paysages, autant de thèmes où elle tente de capter leur étrangeté afin de s’en servir comme prétextes à des compositions stylisées, dans le but de rendre la sensation avec justesse au détriment de la ressemblance. Ses œuvres peuvent être qualifiées de « radical figuratif ». Ouais ! Et alors ? Sachez que c’est un compliment… un véritable compliment car à juste titre, son art ne divulgue pas forcément le vrai visible… le vrai visible « universel » n’existe sans doute pas… Roxane propose le sien… un visible qui lui permet d’envisager d’autres histoires, des portraits « condensés » sur eux-mêmes… pas d’arrière plan, aucune nuisance qui dissuaderait son Beau… des paysages qui, en quelque sorte, ressemblent à des vitraux, des paysages impossibles, impossibles à nos yeux… et pourtant ils existent bel et bien à ses yeux…

De l’impossible, du beau ! Ça vous intrigue ? Ben, venez donc… Cela se passe au « cul » de l’église de Bergerac : Roxane expose à la Galerie Corinne Bertholino, un avant-goût de ses univers. Vous êtes malins ! Bravo… Conjointement à l’expo, il y a bien sûr son site. Sans cap ni boussole, n’hésitez pas à naviguer… à fouiner, à contempler, en parcourant et en découvrant une œuvre, qui, forcément, est bien plus vaste qu’un accrochage dans une excellente galerie… Enfin, pour conclure sur une coloration « people », sachez que Roxane attend un heureux événement ! Roulements de tambour… nouveaux roulements de tambour… c’est officiel… sachez que notre libellule compte dans un futur proche réaliser un rêve avec son mari en inaugurant dans notre cher Périgord « une galerie d’art contemporain, (…) un lieu de rencontres autour de temps forts qui mêleront expositions temporaires, permanentes et concerts tout au long de l’année. C’est un pari un peu fou, mais nous y croyons ! » La conjugaison des talents… pour être sincères, nous y croyons également…


Exposition : « Estampes »

Mettant en lumière les gravures sur bois – portraits et paysages de Roxane Duraffourg
21 avril au 3 mai
Galerie Corinne Bertholino, 7 rue Jules Ferry, 24 100 Bergerac (derrière l’Église)
www.roxaneduraffourg.com


Par Phoebe Delune
Photo du portrait : © Guillaume Dambier
Œuvres : © Roxane Duraffourg