À la lisière de la Charente, un moulin du XVIIe siècle a repris vie, métamorphosé en une demeure chaleureuse et contemporaine. Cette rénovation est survenue au bon moment dans la vie de ses propriétaires, emplis de gratitude pour ce lieu ressourçant qui a chamboulé leurs plans d’avenir.

Le domaine du château de Clauzuroux a pour écrin la campagne paisible de la vallée de la Lizonne, au nord-ouest de la Dordogne. Outre une orangerie, un pigeonnier et des dépendances, son parc héberge un moulin du XVIIe siècle. Quand Sébastien et Constance ont décidé de le restaurer, en 2015, il était dans un état de ruine, mais ils ont perçu son potentiel. « Ce domaine, c’est vraiment une histoire de famille. Chaque enfant met sa pierre à l’édifice », explique Sébastien. Le couple, qui résidait à Lyon, a fait appel à un architecte pour orchestrer cette transformation d’un bâtiment industriel du XVIIe siècle, très sombre, en une maison de campagne aux grandes pièces ouvertes et lumineuses, sans pour autant trahir l’âme du moulin. À l’intérieur, le métal, le bois et le verre se mêlent aux pierres apparentes, dans un esprit industriel. Une chaise en bois design de la maison basque Alki, des suspensions scandinaves Muuto ou un miroir-console de la Manufacture Drugeot apportent une touche contemporaine dans l’espace de vie du rez-de-chaussée, réchauffé par un poêle et une cheminée à foyer ouvert. À l’étage, Sébastien et Constance ont pu garder les poutres d’origine, garantes d’une atmosphère authentique.

Dans l’une des suites parentales, on peut laisser divaguer son regard dans le jardin depuis son bain, installé contre la fenêtre. Une autre chambre présente la singularité d’être « suspendue » dans le vide, au-dessus de l’entrée. Une partie des meubles de la maison ont été réalisés sur mesure par des artisans locaux, telle la grande table en bois et métal taillée pour les repas de famille et les dîners mémorables entre amis.

C’est une maison où on adore accueillir. Il y a tout le temps du monde, surtout l’été.

LE MÉCANISME DU MOULIN EXPOSÉ AU CŒUR DE LA MAISON

« C’est une maison où on adore accueillir. Il y a tout le temps du monde, surtout l’été. On s’y sent vraiment bien », confie Sébastien. Personne mieux que lui ne peut témoigner de l’effet ressourçant du lieu. En 2017, alors qu’il dirigeait une société d’informatique, la vie de ce quadragénaire a basculé à cause d’un accident de santé. Le moulin est alors devenu un refuge, un havre de paix qui l’a aidé à remonter la pente. Privé d’une partie de ses capacités motrices, Sébastien a dépensé une énergie folle pour restaurer, seul, son mécanisme. Les différentes machines (broyeur, mélangeur, l’imposant pressoir) étaient couvertes de rouille. Quant à la grande roue en bois, elle était ensevelie sous le limon. « J’ai dû en sortir deux cents brouettes ! » Sébastien en a profité pour aménager une cave à vins dans le tunnel souterrain qui conduisait l’eau jusqu’à la roue. Chaque descente pour choisir une bouteille devient une expédition d’intérêt patrimonial ! Aujourd’hui, la machinerie peut être admirée lors des Journées Européennes des Moulins, et tous les jours par les occupants de la maison, grâce à une verrière posée dans la cuisine.

PRENDRE LE TEMPS DE VIVRE

Sébastien ne s’est pas arrêté là. Il a monté lui-même la terrasse en bois et le système de filtration de la piscine, créé un potager, planté des arbres, monté une serre, semé des fleurs… Ces travaux lui ont permis de retrouver sa mobilité. Dans ce moulin, il a appris que la roue pouvait tourner dans les deux sens. «  L’accident que j’ai eu a vraiment été un révélateur. Jamais je n’aurais pensé avoir une vie comme ça. Avant, on partait en voyage ; maintenant, je profite de chaque jour. La vie peut s’arrêter d’une seconde à l’autre. » Autrefois pris dans un quotidien à cent à l’heure, Sébastien et Constance apprécient la sérénité que leur offre le moulin. Ici, ils construisent avec leurs proches des souvenirs fabuleux d’apéritifs autour de la piscine, de gigots d’agneaux cuits au tournebroche sur fond de soleil couchant, et de balades dans le jardin à la française. Le bonheur est si facile au Moulin du Clauzuroux, que le couple, aujourd’hui installé à Bordeaux, projette d’en faire sa résidence principale d’ici deux ans.

Par Maéva Louis
©Photos Déclic&Décolle