Le Périgord n’est pas que la vallée aux 1001 châteaux ! La preuve par l’image avec la maison d’inspiration moderniste de Pascal Frot, designer et décorateur installé à deux pas de la bastide d’Eymet.

Cette maison, Pascal Frot, designer, l’a dans la tête depuis longtemps. Il faut dire qu’après 25 ans passés à Barcelone, à réhabiliter des restaurants, des boutiques, des concepts stores et des chantiers privés, cela aiguise l’appétit… Pour ce surdoué de l’art de faire du beau avec une économie de moyens, le premier enjeu était de trouver le lieu pour y poser son rêve.

Son mari et lui se mettent alors en quête du Graal, sans savoir encore que c’est en Dordogne qu’ils vont poser leurs valises. Alors qu’ils traversent la région en 2015, ils découvrent un lieu paradisiaque. 3 000 m² de terrain en contrebas d’une petite colline boisée, à quelques roues de vélo de la bastide d’Eymet.

Le coup de cœur est immédiat, le pari est pris. Adieu Barcelone, bonjour le Périgord ! En termes d’influences architecturales, Pascal se reconnaît des mentors qui ont hissé la simplicité au rang d’art de vivre. Charles et Ray Eames et leur Case Study House, les lignes pures et équilibrées de l’architecte californien, Richard Neutra. Il dessine donc les plans de cette maison, rectangle brut recouvert de bardage bois pour le fondre dans le décor. Au centre de la façade, une immense baie vitrée à fleur de terrasse inonde la maison de lumière. La construction extérieure de la maison est confiée à des artisans. Une fois hors d’air/hors d’eau, Pascal s’empare du chantier intérieur. Car Pascal cumule avec son métier de designer, un passé d’ensemblier décorateur dans la publicité. Et rien ne l’amuse autant que de devoir jouer avec les espaces et les contraintes. Un terrain de jeu qu’il affectionne et qu’il explore avec gourmandise. “Il y a pour moi une véritable excitation de trouver des solutions, de faire du beau avec du fonctionnel, de ne jamais perdre de vue la circulation dans une maison, une fluidité évidente” avoue-t-il en souriant. Pour ce perfectionniste, rien n’est laissé au hasard, tout est pensé et mesuré.

« Effacer les frontières entre l’intérieur et l’extérieur a été la base du projet. » Pascal Frot

Ainsi, la pièce à vivre de 50 m² est le pivot de la maison. Une cuisine ultra ingénieuse, avec son ilôt qui semble en apesanteur, “pour ne pas “couper” visuellement l’espace au sol”, glisse Pascal, trouve aisément sa place dans cette pièce. Plan de travail en Corian®, placage en chêne qui habillent le mobilier et cerise sur le gâteau : une hotte invisible…ou presque ! L’idée de génie de Pascal ? L’habiller de miroirs qui reflètent habilement et la lumière et les tasseaux en Douglas du plafond. Pour Pascal, le travail sur la lumière est tout aussi important que celui de l’espace. Ainsi le plafond dissimule des leds judicieusement placées, afin de laisser circuler le regard sans être distrait par un plafonnier. Le mobilier, d’influence 50 est presque entièrement dessiné par Pascal. Dans le salon, son fauteuil ”Loop” en métal et cuir piqué sellier est presque la synthèse de sa maison : une pièce qui floute les frontières entre outdoor et intérieur avec élégance. Il faut dire qu’il maîtrise l’art de brouiller les pistes en mêlant matériaux bruts et touches sophistiquées. Les murs de la pièce semblent en béton, il s’agit en fait de panneaux de Viroc® qu’il a installés. Au sol, un parquet en chêne massif donne à l’ensemble ses lettres de noblesse. De part et d’autre de la pièce centrale, deux blocs nuit. Une chambre à coucher et une salle de bain pour chacune des suites. Aucune place perdue encore une fois : le couloir séparant la chambre et la salle de bain dissimule un dressing en alignement et fait aussi office d’isolation phonique. Pour la décoration, Pascal expose les artisans qu’il présente dans sa boutique “le Workshop” à Eymet. Les luminaires et les sculptures en fil de fer sont de son fait. Car Pascal a plus d’un tour dans son sac et de l’or dans les mains, tout ce qu’il touche devient design !


Informations pratiques


Par Maud Pilat detto Braïda
© Photos Jonathan Barbot