À Meyrals, dans une des rares galeries d’art en France durablement implantées en milieu rural, Chrystel et Bruno Lajoinie poursuivent depuis 25 ans leur exigeant idéal.

Pas si perdu que cela, finalement, ce Domaine, tant le village de Meyrals au cœur du Périgord noir a pris la bonne habitude d’héberger des artistes de renom… La galerie du Domaine perdu n’est pas liée à une trajectoire individuelle, elle se distingue par sa volonté de dialoguer avec le public autour d’œuvres d’horizons divers. Près de leur résidence familiale, Chrystel et Bruno ont implanté un vaste local où la douce blondeur des murs s’accorde à la rusticité du bois. À côté de cette unité conçue pour abriter des pièces d’art contemporain, une première petite galerie accueille des expositions d’Art moderne, principalement consacrées aux maîtres des années 50 et 60. Les bâtiments ne déparent pas le cadre bucolique du village. La noyeraie voisine se prête elle-même, parfois, aux jeux espiègles de l’imagination des artistes.

Cet agencement du domaine semble aujourd’hui si naturel qu’il efface tous les doutes qui ont présidé à son existence.

L’art comme une déflagration

Pour ces deux infatigables arpenteurs d’élégance et de poésie, le chemin dévorant de la passion était pourtant loin d’être tracé à l’avance. Il leur a fallu déplacer bien des montagnes de scepticisme. Bruno, fils d’agriculteur, était féru de mathématiques mais hermétique aux trésors visuels qui allaient bousculer sa vie. Le premier, un aumônier érudit croisé au service militaire – période ordinairement peu réputée pour les initiations artistiques – lui ouvre sa riche bibliothèque de livres d’art. Cette lueur fondatrice s’épanouit en lumière vitale au contact d’expositions au CAPC, à Bordeaux.

Gérard Garouste, Louise Bourgeois, Anish Kapoor agissent comme les révélateurs d’une vocation qui s’enracine dans les âmes des deux esthètes de Meyrals.

Leur projet architectural colore les terres d’enfance d’un nouvel avenir au contact des toiles et de leurs pigments. The Lost Domain, la traduction anglaise du Grand Meaulnes, s’impose comme un mythe fondateur et une connivence déjà affirmée avec la littérature.

SANS TITRE (2009), TECHNIQUE MIXTE SUR PAPIER MAROUFLÉ SUR TOILE DE THIBAUT DE REIMPRÉ © JOËL PEYROU

LA BROCANTEUSE (1958), HUILE SUR TOILE DE MARCEL MOULY © BERNARD DUPUY

VUE DE L’EXPOSITION ZONE AMÈRE, ŒUVRES DE FABRICE THOMASSEAU, 2008 © BERNARD DUPUY

ŒUVRES DE GEORGES DAYEZ, PETITE GALERIE 2017 © JOËL PEYROU

Reconnaissance nationale

Très vite, la pertinence des choix d’exposition aimante les éloges, bien au-delà des chroniques locales. Les œuvres de figures de l’art, d’Alechinsky à Titus-Carmel, en passant par Pignon-Ernest, alternent avec celles de jeunes créateurs soutenus par Chrystel et Bruno.

Dans les revues nationales spécialisées, dès que s’écrit un article sur l’art contemporain en milieu rural, la référence au Domaine perdu devient quasi systématique. Quand on sait que la longévité moyenne d’une galerie d’art en France ne dépasse pas trois ans, souffler les vingt-cinq bougies d’une expérience aussi atypique relève d’une gageure sans cesse renouvelée.

Pour que continue de bouillir la marmite enchantée, Bruno est toujours enseignant tandis que Chrystel a conservé son poste dans une banque. Malgré les vicissitudes de la vie quotidienne, la ferveur est intacte. La quête de sens a depuis longtemps pris le dessus sur les ambitions matérielles. « Qu’aurait-on pu créer de mieux que le Domaine perdu pour générer du rêve ? » La profession de foi de Bruno s’articule aujourd’hui autour d’un complexe cohérent, dédié à la diversité des formes artistiques. À l’animation régulière d’une maison d’édition s’est ajouté l’aménagement d’un appartement destiné à l’accueil d’artistes en résidence. Nul renoncement, nulle lassitude : le deuxième quart de siècle s’annonce foisonnant pour le Domaine perdu. 

Propos recueillis par Hervé Brunaux

 


CHRYSTEL & BRUNO LAJOINIE EN COMPAGNIE DE STÉPHANE THEBAUT, PRÉSENTATEUR DE LA MAISON FRANCE 5, 2018 © ANTOINE LAJOINIE


Contact : LE DOMAINE PERDU
Route du Bugue, 24220 Meyrals – 05 53 30 47 50 / 06 83 50 01 11www.ledomaine-perdu.com



Publi-reportage © Propriétés du Périgord – Photos © ANTOINE LAJOINIE, © JOËL PEYROU, © BERNARD DUPUY.