Il était une fois un enfant du pays. Oui, mais voilà, notre héros local n’envisageait pas de suivre le cursus familial : dentiste ? Non merci ! Roulements de tambour… Lui, ce « coquinou » sera « bazardier ». Le destin, les liens humains, la transmission ont amplement donné raison à sa noble décision.

E n toile de fond, la ville de Sarlat. On vous présente Sarlat ? Bien sûr que non ! Tout a déjà été dit sur cet authentique joyau d’architecture médiévale ancré au cœur du Périgord Noir. Attachons-nous donc à celles et ceux qui vivent pleinement dans cette cité. En l’occurrence à Jean-Pierre Arnon que tout le monde reconnaît lorsqu’on le croise au détour d’une ruelle pavée… Et pour cause ! Ce nouveau retraité a tenu durant près d’un demi-siècle une véritable institution locale : le fameux Bazar Ligerot. À peu près, tout le monde a un jour ou l’autre poussé les portes de son « temple » situé plein centre-ville pour quêter le produit qui lui manquait, qu’il lui fallait absolument, là tout de suite… tout le monde le sait… hormis les hamburgers et les kebabs, c’est l’enseigne où l’on trouve tout, absolument tout…

L’histoire de Jean-Pierre ? Joliment humaine… Suivre la voie familiale en épousant une carrière de dentiste  ? Non merci ! Ironie de l’affaire, le cabinet dentaire familial se situait juste au-dessus de l’établissement du Bazar Ligerot. Bref, Jean-Pierre l’entendait autrement. Fin des trente glorieuses, après avoir fait le pioupiou lors de son service militaire dans une contrée un peu plus lointaine, il retourne au pays pour y faire les saisons estivales dans des restaurants de la région des Eyzies puis, les touristes repartis, filer des coups de main durant l’hiver à la boutique Ligerot. Là ? C’est l’étincelle, la providence… C’est un monde « paternel » qui s’offre à lui. On s’apprivoise, on partage, on se lie… Une amitié indéfectible va naître entre Monsieur Ligerot, le « boss » – en quelque sorte le deuxième père de Jean-Pierre – et le jeune employé… À plein temps, Jean-Pierre ne quittera plus le bazar. Ensemble, le duo va développer l’affaire pour en faire un lieu incontournable… Un boulon ? Un panier ? Une fourchette ? Une aiguille à coudre ? Un pinceau ? De la bonneterie ? C’est là, mesdames, messieurs, c’est sous vos yeux… On n’a pas en stock ? Pas de souci pour les zazous, on commande : qui dit mieux ?

Il était une fois… certes. Les histoires ont des fins… de belles fins parfois… L’heure de la retraite sonne… sans chichis ni courbette, monsieur Ligerot offre purement et simplement le fonds de commerce à son employé Jean-Pierre Arnon, son fidèle compagnon qui durant quarante cinq années était à ses côtés… De son côté, Jean-Pierre veille et couve sur ce second père, il s’occupe de lui avec tendresse et attention… Et à son tour, la retraite sonne pour lui en 2022… Le jeune retraité reste fidèle à cette transmission à celles et ceux qui œuvrent pour le bien de la collectivité. Un tel commerce de proximité, c’est forcément un bienfait pour l’ensemble des citadins… Il transmet donc le fonds de commerce à sa fille… Autre génération, celle-ci a de nobles velléités : « moderniser » un lieu qui, dans tous les cas, restera une institution dans la magistrale cité de Sarlat.


Contact :

  • Ets Ligerot
  • 40 Rue de la République – Sarlat
  • 05 53 59 07 66

Article par Phoebe Delune
Photos : © Anne-Sophie NIVAL | Studio Hans Lucas