Rencontre avec un maestro de l’art de vivre : Seong Bo Yun

Le point commun entre Joey Starr, Laura Smet et Laëtitia Casta ? Ce sont tous d’anciens clients de Seong Bo Yun, lorsque ce dernier avait sa boutique à Paris. La bonne nouvelle ? C’est désormais au pied du Bergerac historique que le créateur a installé Barony de Bergerac, sa nouvelle adresse.

Derrière une façade bleu marine, dans un écrin immaculé, s’amoncellent plaids, coussins, sacs et vêtements d’exception. S’y côtoient de précieuses étoffes qu’on croirait tirées d’un conte de fées : velours et twill de soie, mousseline gaufrée, organza, taffetas, double satin, cachemire, lamé rongé…

Le maître des lieux, Seong Bo Yun, est au moins aussi élégant que les matières qu’il travaille. Silhouette longiligne et yeux pétillants, le créateur reçoit avec une exquise gentillesse les curieux qui s’arrêtent et passent le pas de sa porte, intrigués par ses vitrines composées comme des tableaux. C’est que l’art du Beau coule depuis longtemps dans les veines de Seong Bo Yun.

*Les coussins de patchwork en satin Duchesse, velours de soie, cachemire et agneau plongé & un doudou pour adulte en patchwork*.

Retour sur la trajectoire d’un esthète surdoué, qui l’a mené de Paris à Bergerac

Dans les années 90, ce n’est pas la mode qui le pousse à quitter son Séoul natal pour venir étudier à Paris mais la littérature française du XVIIe siècle et les pièces de Racine ! Le bouillonnement créatif de la capitale, ses monuments, sa beauté auront raison de son engouement pour les belles lettres. Il plaque alors les plafonds boisés des bibliothèques pour ESMOD, l’une des plus prestigieuses écoles de mode de France. Il garde néanmoins de ses premières amours un sens inné de la poésie et du romantisme qu’il met au service de la créatrice française Martine Sitbon, initiatrice du style “Rock’n Romantique”, pendant quatre ans lors de sa première expérience professionnelle.

Il devient ensuite directeur artistique de la marque “Loft design by”, touchant à tout : de l’identité visuelle aux collections et même à la décoration des boutiques. Puis le grand saut : il lance sa marque de prêt-àporter de luxe, Barony Paris. Pendant douze ans, stars mondiales, rockers, galeristes, acteurs en vue défileront dans sa boutique.

Le point de départ de mes créations est toujours le tissu : sa matière, son toucher, son tombé, sa couleur. C’est un terrain de jeu sans fin.

Mais l’univers de la mode évolue et le questionne. “J’ai vu la mode se vulgariser, glisse-t-il. L’omniprésence et le pouvoir accordé aux influenceurs mode qui confondent nombre de likes et compétences, la cadence effrénée et les moyens détestables de production de la « fast fashion » m’ont écœuré.”

C’est là que le Périgord, découvert quelques années plus tôt lors d’un séjour chez un ami, lui apparaît comme un Eldorado. Deux coups de cœur successifs finissent de le convaincre : d’abord une maison baignée de lumière et ensuite une boutique aux vitrines immenses. Le pari est pris, adieu Paris !

Ici, à deux pas du Vieux Pont qu’il adore traverser à pied les soirs d’été, Seong Bo Yun renoue avec le plaisir de créer. Fin limier, il déniche des tissus issus des collections de grandes maisons comme Hermès, Lanvin, Fendi, Valentino, Dior, Chanel… De ses mains expertes naissent coussins, plaids, vêtements ou sacs. Tissus chinés des années 50, saris anciens précieux, dentelle de Calais vintage se marient au gré de son inspiration. Ses sacs, conçus comme des “accessoires de luxe à la campagne”, sont parés de véritables bijoux. Il faut dire que ces ornements en laiton doré à l’or 20 carats sont produits spécialement par son amie sculptrice Yoshiko Parise. Car pour ce créateur, l’élégance, c’est le souci du détail.

Outre ses collections, Seong Bo Yun propose également un service de conseil artistique aux hôtels de luxe et aux particuliers. Bref, une adresse aussi précieuse que les matières qui y sont sublimées.