La chaux est un ingrédient incontournable de la rénovation du patrimoine. Du gros œuvre aux finitions, elle peut être employée de multiples façons. Dans le chantier de l’hôtel Le Chevalier bleu, à Monpazier, les maçons ont travaillé avec la chaux locale de Saint-Astier, aux propriétés inégalées.

Ils ont été, littéralement, la pierre angulaire du chantier. Spécialisés dans la rénovation du patrimoine, les maçons de Bâtisseurs en Bastides ont joué un rôle crucial dans la transformation d’une ancienne bâtisse de Monpazier en hôtel de luxe, Le Chevalier bleu, dont l’ouverture a eu lieu cet été. La bâtisse de trois niveaux, dont les plus anciennes fondations remontent à la fin du Moyen Âge, était très délabrée. De grandes fissures traversaient les étages, des morceaux de pierre étaient prêts à s’écrouler, les cheminées s’affaissaient… Le remède à tous ces maux ? La chaux ! Impensable, en effet, d’employer du ciment sur des murs anciens : trop étanche, il causerait des dégradations irréversibles, là où la chaux est naturellement perméable, saine et durable. Ça tombe bien : la Dordogne en produit l’une des meilleures au monde. Elle sort des carrières et des fours de l’usine de Saint-Astier depuis plus d’un siècle, et a conquis les artisans les plus exigeants comme ceux de Bâtisseurs en Bastides.

La chaux sort des carrières et des fours de l’usine de Saint-Astier depuis plus d’un siècle, et a conquis les artisans les plus exigeants.

© Enrico Realacci

Maîtrisant sur le bout des doigts ce produit aux possibilités infinies, ils l’ont utilisé de multiples manières sur le chantier de Monpazier. À partir de différentes chaux et de sables de provenance locale, ils ont créé des mélanges sur mesure, pour réparer la pierre et réaliser des enduits dont la texture et la couleur répondent aux désirs de l’architecte et aux codes esthétiques de l’époque et de la région. En maçonnerie, la chaux a été utilisée pour colmater les fissures, réparer des pierres, créer ou restaurer des ouvertures, ou encore rejointer des murs en pierres apparentes. Ces derniers ont parfois dû être agrémentés de pierres neuves, vieillies par un sablage et une patine fabriquée à partir de chaux de Saint-Astier et d’ocres naturels. Certaines rénovations ont été légères et d’autres conséquentes, à l’image de ces grosses cheminées bancales consolidées avec une ossature métallique, dans laquelle les artisans ont coulé de la chaux avant de les reconstruire.

Un mortier de réparation à la recette unique

En finition, la chaux a été employée pour réaliser des enduits lissés, appliqués à la truelle sur les murs selon une technique ancienne. Un travail pointilleux a été effectué sur la granulométrie des sables, plusieurs essais étant parfois nécessaires pour obtenir la formule parfaite. Enfin, les maçons ont eu recours au mortier de réparation « ST.ONE », issu d’une gamme complète de mortiers développés par Saint-Astier selon chaque type de pierre, pour la reconstitution des parements de façade et des ornements architecturaux taillés et sculptés. Il a rendu leur beauté à des moulures extérieures et des pierres d’angle, et rebouché subtilement les trous laissés par de vieux gonds.

© Jonathan Barbot

Le chantier du Chevalier bleu condense ainsi une large palette d’applications de la chaux, du gros œuvre aux finitions décoratives. Si la chaux hydraulique naturelle demeure le produit phare de Saint-Astier, l’usine fabrique pas moins d’une soixantaine de produits dérivés. De quoi répondre à toutes les demandes, même les plus pointues, dans le bâti ancien mais aussi dans les constructions neuves.


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Photo principale : © Jonathan Barbot