L’art et la matière

Passé maître dans l’art de dompter la matière brute et noble, l’ébéniste d’art Sylvain Peny signe pour ses clients des projets qui font rimer beauté avec excellence, tradition avec modernité.

Les boiseries, ornements et bibliothèques de l’ancienne bâtisse du grand décorateur Serge Royaux à Beaumont-du-Périgord. L’immense comptoir de dégustation en forme de fer à cheval du Château de Fayolle, joyau viticole de la fin du XVIIIe siècle. Ou encore le mobilier du restaurant étoilé Les Fresques, au cœur du golf des Vigiers : un florilège des talents de Sylvain Peny. Plébiscité par les designers, les architectes ou les décorateurs, le Périgourdin aborde chacun de ses projets avec la même rigueur, la même recherche d’excellence et cette envie d’aller toujours plus loin. « J’aime les projets qui me permettent de créer. C’est mon leitmotiv » confie l’artisan. Un processus créatif qui part toujours d’une rencontre et de nombreux échanges, pour amener ses clients vers des créations sobres et intemporelles ; de celles qui se transmettent de génération en génération.

J’aime tout dans le bois. C’est vivant, sensible, c’est une matière qui se respecte, et je me dois, quand je le travaille, de rester à ma place.

Voir le lieu, s’en imprégner, comprendre son histoire, savoir comment ses occupants l’habitent, sont autant de sources d’inspiration pour imaginer des meubles uniques. « J’ai été formé aux techniques d’assemblage traditionnel, mais j’ai appris à développer mon savoir-faire en utilisant des outils et techniques plus modernes, permettant de concevoir des meubles sur-mesure et démontables ». S’il aime travailler pour des chefs étoilés ou des hôteliers, Sylvain Peny ne néglige pas pour autant sa clientèle privée. Dans ses carnets à croquis ce jour-là, l’aménagement d’une cave à vin de 30 m² d’une maison typiquement périgourdine, concentrée autour d’une table de ferme familiale. Quelques pages également sur des prototypes de vitrines d’exposition d’un musée Bordelais. Un projet d’envergure qui vient enrichir son savoir-faire.

Tables avec plateaux de bois brut et piètement en aluminium thermolaqué. Les plateaux ont été travaillés en aile d’avion pour apporter une sensation de légèreté, comme en lévitation. Les couches de finitions font apparaître le veinage des plateaux de bois, qui racontent chacune une histoire différente. ©Photos Petit Lu

La passion chevillée au corps

Passionné depuis l’enfance par le travail du bois, qu’il aime noble et sourcé localement (la Dordogne est l’un des départements les plus boisés de France), Sylvain Peny aime transgresser les frontières de l’ébénisterie traditionnelle. En collaborant avec des marbriers, des verriers, des ferronniers, l’artisan fait évoluer son métier pour proposer des créations pluri-disciplinaires : ici une table basse en chêne massif et terre cuite émaillée, là un bar de dégustation mariant bois, minéral et lumières LED. « Pour son restaurant étoilé Les Fresques, le chef Didier Casaguana souhaitait qu’on retrouve à table les essences de bois présentes dans le parc du golf, en résonance avec les produits qu’il travaille selon les saisons. Le chêne pour la truffe, le châtaignier pour les cèpes, le merisier pour les cerises sauvages ou encore l’ormeau pour les morilles », détaille Sylvain Peny. Dressées sans nappe, ses tables sont de véritables objets d’art qui participent à l’expérience gustative d’une table gastronomique. Elles dévoilent aussi une approche subtile du travail de l’ébéniste, de la texture du bois, de ses nuances, de son veinage qui raconte une histoire. « Elles sont pensées pour être aussi belles que fonctionnelles et faciles à entretenir » conclut l’artisan designer.

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