Antoine Veiry, aux commandes des domaines de Montus et Bouscassé, et son beau-père Alain Brumont, l’homme du renouveau de l’appellation madiran, livrent les secrets d’une cave étonnante et innovante.
Châteaux Montus et Bouscassé, leur nom résonne désormais comme ceux de légendes modernes de l’univers du vin. Derrière cette gémellité de l’excellence en Sud-Ouest, se dessine avant tout une aventure humaine, celle d’Alain Brumont.
C’est en 1979 qu’Alain ajoute à la demeure familiale de Bouscassé le domaine de Montus. Montus n’est pas qu’une superbe bâtisse aux toits de tuiles brunes et aux murs de pierres blondes, il témoigne d’un très ancien passé viticole, enraciné dès le Xe siècle. Contrairement à Bouscassé, où les racines des ceps plongent dans un terroir argilo-calcaire, celles de Montus traversent un sol de gros galets roulés. Si les deux affichent donc des caractères différents, ils sont animés de la même philosophie. Ce qui compte pour Alain Brumont, et pour Antoine Veiry son successeur, c’est la capacité du vigneron à déchiffrer son terroir pour y planter le cépage le plus adapté. À Montus règne le tannat, à tel point que le formidable chai aux airs de Renaissance, bâti par Alain, est souvent surnommé la « cathédrale du tannat ».
L’émotion des anciens millésimes
Mais dans l’idée de la cave d’exception, un autre bâtiment se distingue par sa conception semi-enterrée, pour conserver ses trésors à température constante. Il abrite tellement de joyaux qu’on l’a baptisé le « coffre-fort ». Un million et demi de bouteilles y coulent des jours discrets. L’endroit est en fait un fabuleux conservatoire des vins de la propriété. Les dernières cuvées y côtoient les plus anciens millésimes.
1 000 bouteilles de chaque récolte annuelle y sont stockées, pendant que les autres partent réjouir les palais les plus avertis. Mais avant de satisfaire les clients, via un contact direct, sans plateforme ni spéculation, les bouteilles de Montus patientent afin d’atteindre la maturité qui leur permettra d’être consommées au pic de leur saveur. Chaque cuvée est élevée en chai pendant trois ans, avant d’être transférée trois années supplémentaires en bouteilles. « Notre politique est de ne mettre sur le marché que des millésimes prêts à boire », explique Antoine.
Le coffre-fort devient au fil du temps aussi bien le reflet de la propriété que celui de la famille. Certains millésimes particuliers sont célébrés comme des événement familiaux, tant ils sont auréolés de souvenirs. Ainsi la première cuvée de 1979 véhicule-t-elle forcément un summum d’émotion. Emblématique aussi, le millésime 1989, cuvée pionnière du rythme d’équilibre de 36 mois. Antoine, tenant d’un classicisme sans cesse renouvelé, avoue aussi un faible pour le millésime 2000, qui consacrait la parcelle culminante du domaine dans une cuvée haut de gamme, La Tyre. Le coffre-fort de Montus n’est pas hermétique, il laisse passer les sentiments, qui toujours magnifient les grands vins.
Informations pratiques :
Château Montus et Château Bouscassé
www.brumont.fr
Par Hervé Brunaux
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