Impossible de savoir s’il y a eu un tirage au sort au grand festin des délices du terroir, mais une chose est sûre : cette confrérie a raflé le jackpot en s’octroyant la part du lion, avec truffes et foies gras en prime. Autant dire que ces petits filous ont été sacrément rusés pour s’emparer des mets les plus convoités du lot…

Imaginez un instant une assemblée solennelle où les participants, parés de costumes rutilants qui feraient rougir d’envie n’importe quel aristocrate, ne se préoccupent que d’une chose : la papille. Bienvenue dans l’univers hautement sacré… et un brin théâtral… de la Confrérie du Docte Collège des Maîtres de la Truffe et du Foie Gras. Pensez-vous que ces produits étaient réservés à des gourmands un peu blasés ? Détrompez-vous ! Ici, on défend avec une ferveur inébranlable, et pas qu’à moitié, ce que le Périgord a de plus luxueux à offrir au plus grand nombre : la truffe et le foie gras, ces joyaux de la couronne gastronomique.

Active depuis 1979, la confrérie ne se contente pas de déguster et de faire savourer ces merveilles. Non, elle les magnifie, les glorifie et fait en sorte que personne ne les oublie. La mission, vous l’aurez compris, est de « valoriser par tous les moyens légaux » (rassurez-vous, personne ne se fait kidnapper ici pour apprendre à aimer le foie gras) ces produits emblématiques du Périgord. Et où peut-on voir ces chevaliers en pleine action ? Gardienne des traditions ancestrales, la confrérie se pavane en grande pompe, entre Sorges (capitale mondiale de la truffe noire, s’il vous plaît) et les marchés ou autres bamboulas gastronomiques. Direction Sorges, ce petit coin de Périgord blanc devenu la Mecque des gastronomes. Depuis 1982, on y trouve un écomusée dédié à la truffe noire, ce fameux « diamant noir » qui fait briller les yeux des chefs du monde entier. Mais Sorges, ce n’est pas qu’un musée pour touristes affamés de culture. C’est ici qu’ont eu lieu des expériences de plantation de chênes truffiers, notamment après la catastrophe du phylloxera. Ah, le phylloxera, ce vilain parasite américain qui a ravagé les vignobles français entre 1875 et 1885. Vous vous demandez ce qu’il fait dans notre histoire ? Eh bien, grâce à cette catastrophe viticole, la truffe a connu son âge d’or en Périgord. Du gros rouge au diamant noir, les vignobles détruits ont été remplacés par des chênes truffiers, et là, bingo : un véritable boum de la production truffière ! Les anciens vignerons, privés de leur source de revenus, ont troqué les grappes pour des chênes, et hop, les voilà devenus trufficulteurs.

Entre cérémonies et festins, ils sacralisent chaque bouchée de leurs précieux trésors… et en font un show gastronomique bien rodé !

Alors, que retenir de tout cela ? Que derrière la Confrérie du Docte Collège des Maîtres de la Truffe et du Foie Gras, il y a une bande de passionnés, prêtres et chevaliers de la papille, qui s’assurent que ces deux produits emblématiques restent dans les annales… et surtout dans nos assiettes. Et si jamais vous croisez un de ces chevaliers lors d’une cérémonie à Sorges, n’oubliez pas de vous incliner… ils raffolent de ça. Et ne soyez pas surpris si l’un d’eux vous lance un regard complice en vous tendant, comme un bonbon, un petit morceau de foie gras, comme pour dire : Allez, viens, rejoins la grande fête de la gourmandise !


Par Phoebe Delune
Photo principale : Confrérie de la Truffe et du Foie Gras – les membres présents (de gauche à droite) : Pierre, Ginette, Jean-Charles, Pierre, Roland, Philippe, Pierre. ©Photo Luc Fauret