De Sorges-et-Ligueux au nord à Sainte-Alvère au sud, le Grand Périgueux est renommé pour la qualité de ses truffes. Une histoire débutée au XIXe siècle et que de nouveaux cultivateurs perpétuent avec passion. Dans la toile du Grand Périgueux, 43 communes s’entrelacent… Rares sont celles qui n’ont pas de truffière !

La culture de la tuber melanosporum est ancrée dans le cœur du Périgord depuis deux siècles. Les premiers essais remontent aux années 1800, mais c’est à partir de 1878 que la production s’accélère, lorsque le phylloxéra décime une grande partie des vignobles, dont celui de Sorges. La culture du champignon connaît alors un essor phénoménal. Les Sorgeais se montrent à la pointe de la trufficulture, affichant des récoltes impressionnantes et raflant les premiers prix des concours. C’est dire l’importance de cet héritage, qui a donné au village (aujourd’hui Sorges et-Ligueux-en-Périgord) son identité. La Première Guerre mondiale met un coup d’arrêt, contraignant les habitants à délaisser ce produit luxueux au profit de cultures vivrières. C’est seulement dans les années 1970 qu’il connaît un regain d’intérêt, dans le sillage du grand industriel périgourdin Sylvain Floirat, premier président national des producteurs de truffes. Il plante l’une des premières grandes truffières du Périgord, donnant de l’espoir aux aspirants trufficulteurs. L’attrait pour ce produit authentique et naturel n’a fait que croître depuis. La fédération départementale des trufficulteurs compte 1 500 adhérents, mais ils seraient beaucoup plus nombreux. Pas moins de 200 hectares de chênes truffiers sont plantés chaque année.

« Cela correspond à une demande du grand public, qui a besoin de valeurs refuges, de se ressourcer, de bien manger, de comprendre un territoire et la production qui en découle. » Karel Boulogne, directeur de l’Office de Tourisme Intercommunal du Grand Périgueux

La culture de la truffe s’envisage sur le long terme : un arbre ne produit qu’à partir de la dixième année, et il en faut cinq de plus pour obtenir un rendement intéressant. Patience et passion sont donc de mise. Aujourd’hui comme hier, la recherche du diamant noir s’effectue de manière artisanale, à la main, véritable chasse au trésor en parfaite communion avec la nature.

© Photo Office de Tourisme Intercommunal du Grand Périgueux / Raynald Aubert

La truffe reine des étals

Les marchés aux truffes de Sorges et Sainte-Alvère sont les plus importants et renommés du Périgord. Véritables institutions, pour ne pas dire attractions, ils se tiennent respectivement le dimanche et le lundi durant la saison hivernale. Celui de Sainte-Alvère en particulier, créé en 1986, s’est imposé comme le marché de référence. Leur réputation d’excellence tient à la qualité du contrôle des truffes, passées au crible par des commissaires qui les classent en trois catégories selon leur taille et leur forme. Mieux vaut se lever tôt pour dégoter les meilleures ! Les marchés primés récompensent la plus belle truffe, le plus bel apport et le plus gros apport. La truffe est également célébrée lors de la Fête de la Truffe à Sorges, fin janvier. L’été, la truffe blanche prend le relais avec un marché hebdomadaire à Sainte-Alvère et deux marchés gourmands à Sorges, où l’on déguste sous les étoiles les iconiques tagliatelles aux truffes d’été.

© Photo Office de Tourisme Intercommunal du Grand Périgueux / Raynald Aubert

Voyage gourmand à l’écomusée de la truffe

Ouvert en 1982, l’Écomusée de la Truffe est l’endroit incontournable pour tout savoir sur ce produit fascinant. Situé à l’entrée du bourg, dans une belle ferme rénovée du XVIIIe siècle, il constitue le point de départ idéal pour visiter Sorges et comprendre son histoire, grâce à un espace scénographique d’une extrême richesse. Il dispose d’un espace dégustation, d’une boutique et d’une antenne de l’Office de Tourisme Intercommunal du Grand Périgueux. Enfin, il héberge un centre de documentation qui reçoit des chercheurs et producteurs de truffes du monde entier. Très en pointe, l’écomusée expérimente avec l’IUT de Périgueux de nouveaux usages de la truffe, comme le délicieux « Confitruffe » en vente à la boutique. Le site mettra en œuvre à partir du printemps 2025 une rénovation totale, qui visera à le moderniser et à le rendre plus accessible au jeune public, avec des dispositifs pédagogiques sonores, olfactifs et ludiques. Cette évolution mettra davantage en valeur sa collection unique d’objets liés à la trufficulture. Elle pourrait lui permettre d’obtenir le label « Musée de France », avec à la clé, plus de moyens et de visibilité.

Bernard François, commissaire aux truffes, marché primé de Sainte-Alvère © Photo Office de Tourisme Intercommunal du Grand Périgueux / Raynald Aubert

Un tourisme d’hiver à cultiver

La truffe offre de formidables opportunités pour développer le tourisme d’affaires en Périgord, aujourd’hui très peu exploité. C’est un axe fort de l’Office de Tourisme Intercommunal du Grand Périgueux, qui souhaite faire rayonner encore davantage son or noir et augmenter son attractivité touristique sur la saison d’hiver. Une offre de séjours thématiques autour de la truffe va voir le jour à destination des séminaires d’entreprises et groupes associatifs, scolaires, universitaires… Le caractère luxueux du diamant noir permet également de cibler une clientèle prestigieuse et internationale. L’Office de Tourisme Intercommunal du Grand Périgueux en profitera pour faire découvrir à ses hôtes les innombrables richesses patrimoniales et gastronomiques de son territoire, tout aussi vivant et gourmand l’hiver que l’été.


Informations pratiques :

  • Écomusée de la Truffe
  • 2 route des Truffières
  • Sorges-et-Ligueux-en-Périgord
  • 05 53 05 90 11
  • ecomuseedelatruffe.com

Par Maéva Louis