ERIGE : Mobilier des artisans du Périgord

Encadrés par un directeur artistique, une dizaine d’artisans des quatre coins de la Dordogne ont décidé de relever un défi de taille : créer une collection haut de gamme de mobilier design.

La dizaine d’artisans participant à l’aventure sont unanimes : faire partie d’un collectif permet de sortir de son train-train quotidien, de mutualiser des connaissances, des savoir-faire et de partager une passion commune pour un terroir. Ce terroir, c’est la Dordogne. Riche de ses bois et forêts, celle-ci s’est naturellement imposée, au fil de son histoire, comme un fief de l’ébénisterie. Les heures glorieuses de cette filière semblaient, tout récemment encore, appartenir à un passé difficile à ressusciter. Entre la mainmise des grands groupes d’ameublement et les rares débouchés se concentrant dans le monde du luxe – avec notamment l’aménagement de jets privés, de paquebots ou d’hôtels prestigieux –, la production locale s’est peu à peu réduite à la portion congrue. Bref, il fallait réagir et « chercher des solutions pour se réinventer », comme le souligne Frédéric Serveau, directeur adjoint du service économie, emploi et formation de la délégation départementale de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Interdépartementale (CMAI).

Après un lancement d’Appel à Manifestation d’Intérêt « Design, savoir-faire d’excellence et innovation » au printemps 2019, l’objectif clairement affiché est de faire travailler un collectif d’artisans autour d’une marque artisanale locale, ÉRIGE. Parmi eux, des ébénistes bien sûr, mais aussi un tapissier, une doreuse, un tailleur de pierre, un designer-chercheur, un menuisier et un couple de selliers. Si les compétences sont là, il manque un chef d’orchestre pour assurer la cohérence de l’ensemble autour d’une même partition. Après un casting exigeant, le choix se portera sur Pascal Waroquier, une pointure dans le domaine de la formation en direction des métiers du design et de l’architecture d’intérieur pour aider les professionnels à développer leur chiffre d’affaires. Sa devise ? « Un produit qui ne rencontre pas sa clientèle n’a pas lieu d’être. Mon approche est pragmatique : l’effet esthétique doit être maximal par rapport au prix investi. »

Réunion après réunion, les contours du projet se sont affinés. Conscient que le tout est plus que la somme des parties, chacun a écouté, puis donné son avis de spécialiste en veillant constamment à garder en tête le dessein d’ensemble. « Faire travailler ces artisans aux métiers très différents relevait quelque peu de la quadrature du cercle, poursuit le directeur artistique. Le champ des possibles était très large et personne ne devait rester sur le bord de la route. Mais j’ai vu en face de moi des professionnels très impliqués et tournés avec détermination vers le même but. » En guise de laboratoire quasi secret, le collectif s’est rassemblé à intervalles réguliers dans un atelier dédié. En parfaite osmose, les artisans se sont alors attelés à élaborer des prototypes, remettant plus de vingt fois l’ouvrage sur le métier, peaufinant chaque détail technique et esthétique.

Le résultat ? Tout simplement étonnant, avec la création d’une collection de mobilier de salon éminemment moderne digne des plus grandes marques du design, mariant aussi bien le bois et le métal que le cuir, les tissus et les dorures. Quant à la zone géographique ciblée, si la région Nouvelle-Aquitaine est privilégiée dans un premier temps, un développement national est envisagé par la suite…

Partenaires à l’initiative du projet ERIGE :

Région Nouvelle-Aquitaine,
Chambre de Métiers et de l’Artisanat Dordogne,
Union Nationale de l’artisanat des Métiers de l’Ameublement

Par Frédéric Lacoste

Rencontre de Pascal Waroquier, directeur artistique

Décrivez-nous votre vision de cette première collection Erige.

L’idée de départ de cette collection est la malle de voyage ; avec ses coins arrondis, ses attaches et ses sangles.

« Prête à partir, prête à confier ses secrets de voyages passés, elle est surtout prête à découvrir le monde présent et futur. Elle devait pouvoir exhaler ses parfums ; fleurer bon le cuir, le copeau de bois et le métal. Elle devait pouvoir s’exhiber dans les lieux les plus élégants parmi des convives des plus raffinés.

Plus qu’un terreau, c’est un creuset bouillonnant que la collection devait exprimer, la réunion du meilleur des savoir-faire au sein d’un même produit décliné. C’est le cahier des charges en amont, que je me suis imposé.

Lors de la gestation des produits nous avons, tous les artisans et moi-même, été reçus chez Laurent Léoni, président du collectif ERIGE, pour deux journées passées dans ses ateliers à dessiner, découper, coudre, frapper, souder. Tous unis que nous étions, tournés vers un objectif commun j’ai ressenti une âme commune, une âme pionnière, dansante, vive, un enchantement contagieux tournoyant autour des machines, au service d’une oeuvre commune, tous verrouillés, soudés vers un futur prometteur et tout cela avant même que d’avoir trinqué tous ensemble, je vous laisse deviner après ! »