La Maison FAVIÉ… Appréciez donc le velouté de ce patronyme. A l’ouïe, on mesure de suite que ce n’est pas là un vulgaire sobriquet bricolé dans une agence de pub. Pour sûr, « FAVIÉ » est un authentique patronyme qui fleure bon la descendance. Quelle descendance ? Celle d’une institution, celle d’une coutellerie, celle de l’une des plus anciennes boutiques de la ville de Périgueux.

1886, c’est loin, très loin… vous dire le lointain : certains de nos papys locaux désignent encore le dix-neuvième siècle comme l’ « âge de pierre » … Ils exagèrent !
Passons. Toujours est-il que 1886, c’est précisément la date de la fondation de la Coutellerie Favié. 1886, vous y êtes ? Plongez-vous dans cet autrefois et imaginez le pittoresque d’une commune comme celle de Périgueux à cette époque-là.
La ville est ceinturée par des prairies et des forêts… Les petits oiseaux s’en donnent à cœur joie, les biches, les faons sont aux portes de la ville…C’est un peu du « Walt Disney » en couleurs et avant l’heure. Dans l’enceinte ? Le cœur des rues et des ruelles regorge de professions qui œuvrent à mille nécessités. Outre des ribambelles de métiers aujourd’hui disparus, on retrouve ici et là moult bouchers, charcutiers, poissonniers, couturiers, cordonniers, barbiers… On taille, on tranche, on découpe, c’est là tout un monde manuel, qui, pignon sur rue, s’échine à longueur de semaine en usant d’outils qui ont un grand besoin de tranchant. Débiter, charcuter, dépecer, faut bien l’avouer, quotidiennement, c’est dur et rarement rose mais pour qui sait tirer son épingle du jeu, c’est une véritable aubaine que de fournir ce tranchant d’antan à tous ces artisans. Question d’offre et de demande, la Famille Favié va savamment profiter de cette fringale en jetant les bases de leur future coutellerie.
Forges, enclumes, tenailles, étaux, marteaux… et tout le tintouin, le rez-dechaussée de l’Hôtel Estignard – Hôtel qui est encore aujourd’hui l’un des bijoux de la Renaissance périgourdine – est aménagé en atelier par la famille Favié.
Ici, l’on confectionne des couteaux, des greffoirs à noyers, à vigne et autres curiosités… À plein badin, la qualité de leurs ouvrages fait leur succès, mais il est déjà temps de voir plus grand…

L’atelier se transforme alors en magasin de vente que l’on accouple à un atelier d’aiguisage et de polissage pour les outils qui nécessitent d’être entretenus régulièrement. Bien joué ! Pour les béotiens, faut vous souvenir que dans les années 20, les outils ne sont pas encore jetables à l’infini… ils sont chers, même très chers, l’outil est un gagne-pain, alors on en prend soin. Ciseaux de toutes formes, couteaux à foison, épées, tire-bouchons, arts de la table en général, rapidement le nouveau magasin devient une véritable caverne d’Ali Baba pour une clientèle hétéroclite. On y croise aussi bien des artisans que d’élégantes mondaines territoriales qui réclament leurs services dernier cri… tout un univers.

… Ici, l’on confectionne des couteaux, des greffoirs à noyers, à vigne et autres curiosités…

C’est clairement cette variété, cette profusion de produits que l’on découvre aujourd’hui encore lorsqu’on pousse la porte de cette vénérable institution, qui, depuis cinq générations, appartient toujours à la même lignée… Laissons donc le passé être le passé. Que désirez-vous ? La gentillesse est là… avec ou sans choix prédéterminé, aujourd’hui, vous y trouverez forcément votre bonheur. Couteaux de poches, de table, de cuisine, de collection… mais si vous êtes venus pour les arts de table… aucun souci… du Guy Degrenne, du Couzon ? Ils ont… Une poêle ? Un moulin à poivre signé Peugeot ? Idem. Une plancha ? No problem. Un tablier de cuisine ? Bref, venez y faire un tour, d’autant que cette institution assure toujours des services rares : affûtage, gravure, ré-argenture… Qui dit mieux ?


Contact :

  • Coutellerie Favié
  • 5 rue Limogeanne – Périgueux
  • 05 53 53 48 83 www.coutellerie-favie.fr

Phoebe Delune – Photos actuelles : © Jonathan Barbot – Photos d’archive : © DR