Au pays des bastides du Périgord, la restauration du patrimoine est un chantier qui ne s’arrête jamais. Depuis huit ans, les artisans de Bâtisseurs en bastides redonnent leur cachet aux vieilles fermes, aux maisons fortes, châteaux et autres constructions anciennes, dans le plus grand respect de la pierre. Héritiers d’un savoir-faire d’excellence, ils œuvrent sous la direction d’un Compagnon du Devoir natif de Monpazier, qui cultive une exigence à la hauteur de l’amour pour son terroir.

Avez-vous déjà eu l’occasion d’admirer l’élégance d’un sol en pisé ? Savez-vous apprécier la beauté simple d’un mur en torchis, la technicité d’un four à pain traditionnel ? À Biron, l’entreprise Bâtisseurs en bastides est la gardienne de ces savoir-faire ancestraux qui érigent la maçonnerie au rang d’art. Au fil des chantiers triés sur le volet, son fondateur Vincent Etienne se fait un devoir d’incarner au plus haut niveau un métier qui ne jouit pas toujours d’une bonne image. Ses salariés se sont engagés à honorer les valeurs de l’entreprise : exigence, prestance, qualité irréprochable du travail, sens du savoir-être et respect de la nature. Des conditions indispensables à « la recherche du Beau » selon cet artisan de trente-six ans.

Vincent Étienne – dirigeant de l’entreprise Bâtisseurs en bastides et Compagnon du Devoir – ©Bâtisseurs en bastides

L’homme a été à bonne école, formé chez les Compagnons du Devoir dès l’âge de quatorze ans. Mais la passion qu’il nourrit pour le patrimoine a toujours habité cet enfant de Monpazier. La pierre blonde des bastides a façonné son destin. Après avoir travaillé aux quatre coins de France pendant huit ans avec les Compagnons, son rêve était de rentrer chez lui pour mettre ses compétences au service de sa terre natale. « L’esprit du bâti ancien, je ne l’ai jamais retrouvé ailleurs aussi fort », confie Vincent Etienne.

Ancien moulin à vent réhabilité en habitation. Matériaux utilisés : enduit à la chaux avec sable locale – Chaux de St-Astier

PISÉ OU PAVÉS, L’ÉLÉGANCE DE LA PIERRE

Les artisans de Bâtisseurs en bastides vont de châteaux en vieilles fermes, embellissent les églises et le petit patrimoine. Ils rendent leur lustre à ces lieux chargés d’histoire en employant des techniques anciennes. L’une de leurs spécialités est le fameux pisé du Périgord, un assemblage de petites pierres coniques soigneusement sélectionnées et imbriquées les unes dans les autres. Les sols sont réalisés à partir de pisé de récupération poli par les siècles. Il s’agit d’un travail minutieux, dont le résultat est unique et apporte un cachet fou. L’effet est superbe avec une dalle en béton très moderne. Dans le même esprit, Bâtisseurs en bastides manie l’art du pavage à l’ancienne en réutilisant, là encore, de vieux pavés. Les artisans ont recours à une technique millénaire qui consiste à poser les pierres sur du sable, sans mortier, et à semer de l’herbe tondue à ras entre eux pour les maintenir et faire ruisseler l’eau. L’esthétisme est garanti dans une cour de château, une maison forte, ou pour restaurer le patrimoine local – le lavoir de Monpazier en est un magnifique exemple.

Sol en pisé. Sur chape de chaux, réalisation des motifs sur demande – Chaux de St-Astier

« TENDRE VERS LE LUXE ET L’HYPER SAVOIR-FAIRE »

Outre le travail de la pierre, Bâtisseurs en bastides a d’autres cordes à son arc, comme la restauration de fours à pain traditionnels. Beaucoup de corps de fermes en possèdent, détériorés par le temps. Ils sont reconstruits au moyen de briques fabriquées artisanalement à Fumel dans le Lot-et-Garonne, hourdées au mortier de chaux aérienne. Ce type d’ouvrage nécessite des connaissances pointues afin de garantir l’usage du four en toute sécurité. L’entreprise excelle par ailleurs dans la restauration de murs en torchis, mêlant terre, argile et paille prélevées sur place. Cette technique, délaissée au XIXe siècle au profit de la brique, présente un atout intéressant à l’ère actuelle : elle ne produit aucun déchet. La maîtrise de la chaux, autre matériau naturel, fait également partie des savoir-faire incontournables de l’entreprise. Ses maçons fabriquent leurs propres enduits à base de chaux pure de Saint-Astier et de sables locaux. « C’est une recette unique chez chaque client », précise Vincent Etienne, l’objectif étant de reproduire les textures et couleurs d’origine dans le cadre d’une rénovation.

Sol en pisé. Sur chape de chaux, réalisation des motifs sur demande – Chaux de St-Astier

L’esprit du bâti ancien, je ne l’ai jamais retrouvé ailleurs aussi fort.

Ces savoir-faire rares jouent un rôle précieux dans le maintien du patrimoine. « Je suis assez pointilleux, j’en demande toujours plus, mais c’est pour le mettre au service du métier. Bientôt, on sera tellement en pénurie de main-d’œuvre dans le bâtiment que ceux qui s’en sortiront sont ceux qui tendront vers le luxe, l’hyper savoir-faire », prédit le Compagnon du Devoir. Aussi, il voudrait encourager les jeunes à s’aventurer dans ce qu’il estime être le plus beau métier du monde. « Travailler la pierre, c’est intemporel. C’est une manière de laisser sa trace en tant qu’homme sur terre. »

À PROPOS :

L’entreprise Bâtisseurs en bastides a été fondée à Biron il y a huit ans par Vincent Etienne, originaire de la commune voisine de Monpazier. Elle est spécialisée dans la restauration du bâti ancien, la maçonnerie contemporaine et la maçonnerie générale, de la conception à la réalisation. Située au cœur des bastides du Périgord et de l’Agenais, elle est guidée par un état d’esprit où domine le respect du patrimoine et de la nature. Vincent Etienne a été formé chez les Compagnons du Devoir pendant onze ans, dont deux d’apprentissage et neuf de tour de France pour se perfectionner. Imprégné depuis tout petit par la beauté de la pierre, il a à cœur d’exercer son métier dans les règles de l’art afin de revaloriser son image auprès du grand public.


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Par Maéva Louis
Photos : © DR

Photo principale : Sole en pisé