Chapeau bas ! Ce vénérable et délicieux café-bistrot, avec plus d’un siècle d’Histoire à son compteur, semble avoir convaincu le temps lui-même de faire une pause… Allez ! On y écluse un gorgeon ?

Nul besoin de présenter la cité d’Issigeac en Périgord pourpre, puisque moult publications ont souvent, et à juste titre, sorti l’artillerie lourde d’adjectifs et superlatifs grandiloquents pour la décrire… Et pour cause… faut bien dire qu’elle ne minaude pas la belle, qu’elle nous offre à contempler… qu’elle nous en fout plein les mirettes : le Palais des Évêques de Sarlat, la Maison des Têtes, la Maison Champignon, ses dédales pittoresques de ruelles et de venelles… et l’on en passe et des meilleurs… en somme, ici il n’y a tout bonnement rien à jeter… Ce que l’on ne soupçonne pas par contre, c’est qu’au cœur même de cette petite cité médiévale et de ses joyaux, se cache un bistrot, le bien nommé le Lion d’Or, un café bien plus âgé que nos pépés et nos mémés… une institution qui mérite tout autant d’attention…

Vous allez nous dire que c’est bien beau tout ça… en vous demandant pourquoi accorder une attention particulière à un «simple» bistrot ? Eh bien, «simple» ne lui rend pas justice… Tout d’abord, parce que les cafés de village ont malheureusement tendance à disparaître les uns après les autres, mais le Lion d’Or résiste vaillamment à cette tendance ! De plus, à la différence de certains néo-bistrots qui ont sacrifié leur authenticité en optant pour des décors tapageurs, souvent en plastoc, et en succombant aux sentiers battus du conformisme, le Lion d’Or, lui, demeure fidèle à sa véritable essence… pas la moindre fausse note… il reste dans son jus, créant une atmosphère où l’on se sent immédiatement chez soi. De fait, la citation d’Alexandre Dumas conviendrait parfaitement à cette institution : « Les troquets sont comme des bouées de sauvetage dans l’océan tumultueux de la vie quotidienne. On s’y accroche, on y trouve du réconfort et, parfois, on finit par sombrer complètement… dans une douce ivresse. »… la douce ivresse d’être également transporté dans le temps…

Ah, on vous voit venir de loin… Vous allez nous dire que c’est encore un de ces innombrables «Lion d’Or» que l’on trouve un peu partout dans l’Hexagone, n’est-ce pas ? Eh bien, sachez que derrière ce nom se cache bien plus qu’un simple jeu de mots… «au lit on dort» ! Autrefois, cette appellation était le nec plus ultra de la distinction. Oui, oui, vous avez bien entendu, c’était à une époque reculée… au Moyen-Âge, quand les tavernes rivalisaient d’ingéniosité pour attirer la clientèle. Imaginez-vous un instant devant une taverne du XIV e siècle. Au-dessus de la porte, une enseigne colorée attire votre regard curieux. Un chapeau rouge, un âne vert… et puis, il y a lui, le clou du spectacle: un «lion d’or» flamboyant, bien jaune. En choisissant cette enseigne, l’aubergiste signifiait au monde que son établissement était digne des plus exigeants… une sorte de label avant l’heure… un gage de qualité, si vous préférez. Alors, pourquoi hésiter? Mesdames et Messieurs, foncez…


Informations pratiques :

Le Lion D’or (restauration également)

36 Grand Rue, Issigeac (Dordogne)

Tel : 05 53 22 42 09


Par Phoebe Delune
© Photo Guillaume Dambier